Berlin : faire la fête ou faire artiste, il faut choisir
Si tu vis ici et qu’en plus tu as Internet, c’est foutu ! » Six jeunes artistes, happés par le « trou noir » berlinois, racontent leurs difficultés à créer dans la capitale allemande.
(De Berlin, Allemagne) Je vais vous raconter les histoires de ces artistes qui sont venus à Berlin pour vivre plus vite, s’immerger dans le bouillon culturel local, et ont failli s’y noyer. Fêtes, vernissages, expositions éphémères, concerts gratuits, drogues : tout ce qui devait les élever a fini par les engluer.
Ces jeunes artistes envisageaient Berlin comme un tremplin. Gaui, Julien, Fanny, Anja, Lucia et Thomas (certains prénoms ont été modifiés) n’apparaissent pas sur les radars de l’administration locale. Etrangers, ils ne font pas partie des 5 000 artistes recensés par la capitale allemande.
Amoureux de cette ville, ces six artistes cherchent leur équilibre à tout prix, d’astuces en compromis, pour pouvoir rester et se réaliser.
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Gaui, musicien et designer
34 ans
« Berlin c’est too much : trop de gens, trop de bruit, trop sale… »
Et trop de fêtes. Arrivé d’Islande en 2011 avec l’argent de la vente de sa boutique de design, Gaui passe d’abord « une année à ne pas faire grand-chose ». 
Les économies évaporées, il se remet au travail, dessine des T-shirts et les vend sur les marchés de la capitale allemande.
A 34 ans, ce musicien gagne de quoi vivre simplement et passe son temps libre à aller voir des concerts et à s’amuser.
« Une fois, la fête a duré jusqu’au lendemain, à 18 heures », raconte-t-il comme on relate une autre vie. Sa vie sociale intense lui permet de rencontrer les membres de son « premier vrai groupe de musique : les Volcano Victims », avec lesquels il se met à donner des concerts.
Il se retire à Leipzig, « avec beaucoup de vieux »
La fête permanente finit par l’épuiser. Pire, elle le détourne de ses objectifs artistiques :
« Il y a trop de distractions à Berlin. Les amis t’invitent tous les jours à des fêtes, des anniversaires, des concerts. Je produisais de moins en moins de musique. »
C’est en octobre 2013 qu’il décide de se retirer de la capitale et de louer une chambre dans la ville voisine de Leipzig, « dans une partie de la ville très tranquille, avec beaucoup de vieux ». Enfin au calme – « ma vie sociale est presque nulle ici » –, il se remet au travail, et enregistre les chansons de son premier album.
« Un producteur m’a dit que ça sonnait très pro ! » dit-il avec fierté à propos des morceaux fraîchement bouclés.
Malgré ses bonnes résolutions, il va retourner à Berlin pour vendre ses T-shirts aux touristes estivaux et préparer la première tournée de son jeune groupe. Mais il le promet :
« Je sortirai moins ! »
jean luc
Berlin ville artistique ou miroir aux alouettes , vos avis