Hier, je me rends à "The Mall" dans ma bonne vieille ville de Korat. En garant mon pick-up, je remarque une zone balisée de rose et de gris, où se trouvent quelques voitures éparses, alors que le reste du parking est presque plein. C'est nouveau. Fléchage, gardien placide, et en gros caractères sur tous les panneaux : "Ladies parking".
Oui, un parking dédié aux dames, facile d'accès, peu encombré, où l'on peut manœuvrer facilement.
Je viens de passer trois mois en France : vous imaginez le choc ! De bons esprits crieraient au scandale : sous-entendre que les femmes conduisent moins bien que les hommes ? Faire une distinction entre les sexes ? Revenir à l'époque de la condescendante phallocratie d'autrefois ? Mais c'est horrrrrible !
Ma femme (thaïe) me dit qu'en Thaïlande, les femmes conduisent moins que les hommes (grands dieux, est-ce possible ?) qu'elles ont moins l'habitude, et qu'il leur est agréable de voir facilitée la conduite. En somme, elle trouve cette initiative bienvenue. Elle-même conduit si mal que je mets mon casque de moto et je me ligote à la place du mort quand elle prend le volant. Mais c'est bien naturel, elle n'a pas d'entraînement, car pour certaine raison, elle n'a pas fait renouveler son permis. Ce qui n'empêche qu'en France, elle est une virtuose de sa voiture sans permis. J'ai donc bon espoir.
Je sais que les femmes thaïes se trouvent souvent en position de responsables de famille, et qu'elles sont nombreuses à faire de petits métiers, vendre de la bouffe dans la rue, ou quelques fringues sur internet. Elles ne revendiquent pas pour autant l'identité avec les hommes, ce que la physiologie féminine, telle qu'on est bien obligé de l'enseigner en médecine dans le certif de gynéco-obstétrique, dément : les hommes et les femmes (et je le sais pour l'avoir personnellement observé) ne sont pas totalement semblables. Qu'ils soient égaux devant la loi, c'est bien normal. Mais que la vie de tous les jours (ou les performances au 100m nage libre) fasse ressortir des différences, ce n'est pas une surprise. Quitte à ce que ces différences se gomment petit à petit : il faut laisser du temps au temps.
En attendant, même si l'initiative du Mall est dictée par des intentions mercantiles, je l'apprécie : elle me fait ressouvenir d'un temps où les femmes étaient heureuses d'être femmes. La France fût LE pays de la galanterie. La Thaïlande aurait-elle pris la relève ?